Ah, les belles lavandières sur les bords de Loire, les histoires du collectionneur Yves Cornet
Les petites histoires qui font la grande. Le collectionneur saumurois aux 2 500 cartes postales, Yves Cornet raconte cette semaine l'histoire des lavandières des bords du Thouet et des lavandières. Les Lavandières : les muses de nos rives.
Les plus beaux lave-linges ? Vous connaissez ? La Loire, ou le Thouet (Photos 1 et 4)… Le décor est fantastique… rien à voir avec une buanderie, rien à voir avec un coin de garage… pas besoin d’électricité, ni d’arrivée ou d’évacuation d’eau…. ! Mais quelle fatigue pour ces femmes ! Moteurs essentiels, moteurs sensuels de ce fabuleux lave-linge : les saumuroises et la Loire.
Souvent appelées aussi les « moulins à paroles », parce qu’elles bavardaient, ces femmes, en lavant le linge comme des stations de radio locales mais avec pour seule musique le rythme des battoirs et uniquement sur les ondes de la sueur et celles de la Loire. Comme par enchantement l’un de leurs sites s’appelait, sur l’ile, le bout du monde… jusqu’où ne seraient-elles allées pour la propreté ?? (Photo5)
Elles portaient leur linge sur des brouettes … se mettaient à genoux dans un support en bois comme pour prier le fleuve de les aider dans leur labeur, le trempaient dans l’eau, le savonnaient avec de la cendre sur une pierre usée elle aussi à force des coups, le frappait au battoir pour l’assouplir et l’essorer en le pliant plusieurs fois. Souvent elles le mettaient à sécher sur des fils tendus sur la rive-même ou le remportaient sur leur brouette voire dans des paniers, jusqu’à un lieu de séchage plus éloigné. Leurs mains rongées par le courant, le fleuve caressé par leurs rêves, sous l’œil attentif du château, elles frottaient, battaient, essoraient…
Parfois elles poussaient un cri lorsque qu’un rat surgissait sur la rive ou dans l’eau… Elles continuaient de travailler même en période de crues (photo 3 rue Saint-Nicolas). Il fallait bien nourrir les gamins qui parfois les accompagnaient.
Beaucoup en faisaient leur profession et les « citadines » du centre-ville profitaient des bateaux-lavoirs accostés au quai en face de l’hôtel de ville ou de l’Ecole de Cavalerie… (Photos 6et7).
En France certaines de ces lavandières restent célèbres : La Mère Denis bien sûr qui était une authentique lavandière, l’une des dernières et qui exerça de 1944 à 1963 (Photo 13), mais aussi Catherine Ségurane à Nice qui au XVIème siècle assomma un porte-étendard ottoman avec son battoir à linge pour lui prendre son drapeau. Et dans l’œuvre de Zola : Gervaise Macquard (roman que Zola appela d’ailleurs « l’assommoir »… étrange pour le souvenir de Catherine et de son ottoman non ?)
D’autres inspirèrent des peintres (Abram Jefimowitsch ou Daumier…) (photos 10 et 11).
Petit à petit elles cédèrent leur travail aux blanchisseries (photo 12)…et leurs bavardages aux stations radio. Souvenez-vous ouest FM de 1982 à 2011 ! Mais elle tout en musique.
En tout cas ces lavandières restent dans nos mémoires comme des femmes « FM»… Femmes Modèles ... Fleuve Mystique… Saumur ne peut qu’en être fière.
Yves Cornet
Relire l'article sur l'histoire des photographes saumurois ici, sur le décès du pilote Legagneux ici et sur sa collection ici, Les marchés de Saumur ici , sur le procès de conscription de Napoléon ici, sur la statut e Aristide Dupetit Thouars ici, l'école de transmission optique ici et les commerces de la ville sur ce lien.
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Article du 22 mai 2013 I Catégorie : Vie de la cité
En période de crue, elles auraient peut-être pu se baigner !
Commentaire de maminou
braves femmes!!! Imaginez plutot qu'aucune d'elles ne savait nager ! Il ne faut pas se moquer des lavandieres ni des repasseuses leur travail devait etre éreintant ? Grace à ce grand courage le "tout Saumur" s'habillait "propre" ! J' espere qu'avec le progres , les gens de la ville sont tous impeccables ? et les mauvaises langues bien lavées !
Commentaire de mémé
j'ai connu ma Grand Mère à Parnay descendant avec sa berrouette chargée du linge qui avait " bouillu " dans le chaudron, avec tout son matériel , par le chemin face à la gabelle qui allait au bout des près jusqu'à la louère, pour nous gamins et gamines c'était une journée de jeux, et puis les femmes une fois le linge lavé, l'étendait dans l'herbe du près, et quand elles lavaient on voyait tous les petits goujons
venir jusqu'à toucher les mains de ma grand-mère
c'était aussi cela la vie des laveuses, vu par des enfants .
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