Ce jeudi 8 novembre 2018, seulement 2 jours après le communiqué de contre-attaque de l'association Anjou Patrimoine (relire), une nouvelle pétition vient d'être lancée en faveur de l’installation d’un bar afterwork dans la chapelle Saint-Jean, à Saumur. Il s'agit cette fois-ci d'un groupe de citoyens qui se décrit comme tel : « Nous, quelques personnes lambda qui ne demandent qu'à pouvoir exister pleinement dans une ville qui a besoin de vitalité ». Pour eux nous, « ce débat mérite d'être celui d'une société tout entière ».
« Ou, après tout : n'importe où, n'importe quand, tant ce débat mérite d'être celui d'une société tout entière.
Nous ne sommes pas une association.
Nous ne sommes pas structurés, nous ne sommes pas un club fermé, nous ne sommes pas un cercle fermé dans lequel il faudrait montrer patte blanche, ou bien démontrer une appartenance politique particulière.
Nous ne défendons aucun intérêt particulier.
Nous ne défendons aucun personnage politique, ni aucun parti, ni aucun mouvement.
Nous ne relayons pas notre initiative au sein de réseaux souterrains.
Nous ne souhaitons pas qu'une communauté d'idées, une communauté religieuse, une communauté politique, et surtout pas une communauté obscure, s'empare de notre initiative.
Nous ne sommes qu'une initiative citoyenne, simple et sans prétention.
Nous sommes des gens, tout ce qu'il y a de plus simple, tout ce qu'il y a de plus lambda, qui défendent au fond trois principes : le développement de Saumur dans la diversité, le droit d'innovation, le respect des membres d'une société qui évolue.
Nous avons bien sûr des valeurs, nous avons des idées, nous avons des préférences, et elles sont explicites dans notre position. Mais nous ne cherchons pas à stigmatiser ceux qui ne sont pas d'accord avec nous.
Nous ne voulons pas de rhétorique agressive, de sous-entendus fallacieux, de diffamation.
Nous ne voulons pas que le débat public soit pollué par quelques-uns qui ne disent pas d'où ils viennent ni ce qu'ils veulent réellement.
Nous ne sommes pas là pour critiquer, pour mettre en accusation, pour accuser.
Nous considérons que la qualité de la démocratie française nous en dispense, par-delà le fait d'être de simples adultes responsables et censés.
Nous savons qu'il est plus difficile de mobiliser « pour » que « contre ».
Nous sommes pourtant optimistes, convaincus et honnêtes, et nous pensons que cela peut aider dans un débat public, surtout quand il est abîmé par quelques-uns.
Nous ferons tout pour avoir un maximum de signature.
Nous pensons que tout le monde doit pouvoir s'exprimer.
Nous estimons que Saumur ne peut pas manquer cette marche de son développement.
Nous estimons que l'installation de ce bar n'est pas si anecdotique, car si un groupe national comme V&B abandonne, alors quel groupe national voudra investir à Saumur ?
Nous estimons que le développement économique, quand il est intelligent, permet un développement social - création d'emplois, baisse du chômage, sortie de la précarité, insertion par le travail... -, un développement culturel - plus une ville est dynamique, plus elle attire, et plus elle devient un lieu vivant où la culture, dans toutes ses formes, est vivante.
Nous sommes certains que Saumur n'a pas le droit de louper, encore une fois, son développement.
Nous pensons, aussi, qu'il faut apaiser le débat.
Nous ne sommes pas choqués par le mot « Levrette », surtout quand il fait référence à une bière.
Et même s'il a une autre connotation, là encore, nous ne sommes pas choqués.
Nous voulons poser la question : qui en 2018 peut sérieusement rougir en entendant le mot « levrette » ?
Nous nous demandons : la société française est-elle si en retard sur ses propres mœurs, sur ses propres moments d'intimité ?
Nous nous interrogeons : la sexualité est-elle si inavouable ?
Nous nous offusquons, même : si certains pensent que la femme est dégradée lorsque l'on parle de « levrette », alors cela signifie-t-il que les femmes ne font pas ce qu'elles veulent, dans leur chambre à coucher ou là où elles en ont envie, ça ne nous regarde pas !, et avec qui elles veulent, et quand elles veulent, et sans sentir le poids du regard accusateur, du jugement moral, de certains ? Alors finalement, pour nous, il n'y a qu'une question : mais dans quel monde vit-on ? Dans quelle société, au XXIe siècle, une poignée d'individus peut-elle décréter qu'il est interdit de parler, de rire, d'échanger autour de la sexualité ?
Nous voulons l'ouverture de ce bar d'afterwork tout à fait respectable dans cette chapelle désacralisée depuis un siècle et demi.
Nous le voulons, d'abord parce qu'on aime se détendre après le boulot, faire la fête, et peut-être même parfois, avec quelques amis, s'amuser (nous n'avons pas dit de gros mot, si ?!).
Nous le voulons, enfin, parce que si cette installation, somme toute banale, est un combat d'idées, alors il nous paraît impensable, intolérable, inimaginable, de perdre ce combat.
Signé : NOUS, quelques personnes lambda qui ne demandent qu'à pouvoir exister pleinement dans une ville qui a besoin de vitalité ».
Article du 08 novembre 2018 I Catégorie : Vie de la cité