Dans le cadre du Pays de la Loire Energie Tour 2019, un événement grand public dédié à la mobilité durable organisé par la Région, l’entreprise locale Saumur Energie Vertes (SEVE) a réalisé, ce mardi 17 septembre, une visite des chantiers de construction de la station bioGNV de Saumur et de l’unité de méthanisation de Chacé.
L’entreprise locale
Saumur Energies Vertes (SEVE) a été créée
en 2017 par trois associés : la Séma-E (société d’économie mixte détenue en majorité par la Communauté
d’agglomération Saumur Val de Loire, qui intervient dans la collecte et le
traitement des déchets), Loire Compost
Environnement (entreprise saumuroise spécialisée dans le compostage et
le bois énergie) et Agriopale Services
(société des Hauts-de-France, qui exploite plusieurs plateformes de compostage
et unités de méthanisation). L’ambition de SEVE est de proposer aux
transporteurs saumurois, aux services publics, mais aussi aux particuliers
équipés de rouler au bioGNV, produit
localement à partir de
biodéchets du territoire. C’est pourquoi Saumur Energies Vertes porte
actuellement ces deux projets complémentaires : l’installation d’une unité de méthanisation à Chacé et la mise en place d’une station bioGNV à
Saumur afin de valoriser le biogaz produit par le méthaniseur. En
favorisant la production d’une énergie renouvelable locale, SEVE souhaite contribuer localement à la diminution des
émissions de gaz à effet de serre.
Une station pour faire le plein de gaz
La station bioGnv
de Saumur se trouvera à l’entrée du Parc Expo sur l’avenue du Breil, le
chantier est déjà visible depuis la route. Il s’agit d’une station-service pour
tous types de véhicules, poids lourds, véhicules légers tant pour les
professionnels que pour les particuliers. Les travaux ont commencé au début du
mois de juillet et la station devrait ouvrir ses portes en janvier. La
particularité de ce lieu, il sera ouvert 24h/24 et 7 jours sur 7 et il ne sera
possible de s’y réapprovisionner seulement en gaz. La station comprendra 6
pompes pour faire le plein des véhicules et de deux bornes de paiement. Le tout
pour un budget global de 1,3 million d’euros, dont 10% financés par la Région. La
création de ce lieu traduit une volonté de développer l’utilisation d’une
énergie plus propre sur le territoire. En effet, le gaz proviendra en grande
partie d’unité de méthanisation, notamment celle de Chacé, en cours de
construction. Le prix devrait être aux alentours de 80 centimes le litre. « Auparavant le gaz provenait de pays
lointain comme la Norvège et n’était pas issu des énergies renouvelables, avec
ce projet on revient à des circuits courts et on limite l’impact sur l’environnement »
indique Lucien Gerbier, président de SEVE.
Mettre en
place un réseau
Le réseau est
amené à se développer, puisque déjà deux camions, fonctionnant aux gaz, ont été
achetés. L’ADEME (agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) a
apporté une aide, à hauteur de 47% du surcoût par rapport à un camion
ordinaire. La société publique Agglobus a elle commandé trois bus qui rouleront
dans le Saumurois et Agglopropreté a commandé une benne pour le ramassage des
ordures ménagères. « L’idée est qu’en
proposant sur le territoire ce service les gens achèteront des véhicules GNV.
Aujourd’hui les pompes ne sont pas très développées donc les gens ne se sont
pas positionnés sur ce marché, » explique Aurélie Kaminski, chef de
projet. En effet l’autonomie de ces véhicules est légèrement inférieure à celle
d’un véhicule classique, il faut donc créer un réseau et le renforcer. « L’autonomie
de ce camion est donnée pour 500 kilomètres contre quasiment le double pour certains
autres camions, il faut donc adapter les trajets et recharger plus souvent,
mais ce n’est pas une très grosse contrainte » précise un conducteur. Cependant
cette technologie rejette 80% de moins de particules dans l’atmosphère. Il y a
actuellement 8 station en Pays de la Loire comme celle-ci, l’objectif est que
dans les 5 prochaines années 14 autres soient construites.
La
méthanisation, circuit court et économie circulaire
L’unité de
méthanisation de Chacé devrait quant à elle voir le jour à la fin du mois de février, pour
une première injection de gaz dans le réseau en avril. Le fonctionnement
nécessitant quelque temps avant de commencer à produire du gaz. Pour ce faire
il faut tout d’abord alimenter les cuves avec des déchets alimentaires et
agroalimentaires (mauvaises herbes, fruits, lisier, céréales…), tous ces
déchets proviennent d’entreprises ou d’agriculteurs locaux. Puis tout cela est
chauffé à 40 degrés environ et brassé par de grandes pales, il faut 60 à 80
jours pour que la matière soit dégradée. Durant ce temps on récupère le gaz qui
émane de ces déchets. Le résidu qui reste une fois le gaz extrait s’appelle le
digestat, celui-ci va être utilisé comme engrais par les agriculteurs qui participent
à ce réseau. Les avantages sont nombreux, il y a tout d’abord une économie de
faite par les agriculteurs, ensuite il n’y a plus d’odeur comme pour le lisier
et enfin ce résidu n’est pas lessivable et ne laisse donc pas de nitrate dans
les nappes phréatiques. Le digestat permettra d’épandre sur 300 hectares par
an. Ensuite viens la dernière phase qui est celle de l’épuration, le gaz qui en
ressort est composé à 55%, 65% de méthane le reste est du CO2 et du H2S (la
particule odorante). Il y a donc une étape de séparation qui permet de
récupérer un gaz composé à 97,5% de méthane. Il peut ensuite être injecté dans
le réseau. Un projet est en cours d’étude et devrait être mis en place dans le
courant de l’année 2020 afin de récupérer le CO2 et le redistribuer aux
maraichers qui l’utilisent pour leurs plantations.
1 500 foyers
alimentés en gaz
Ce gaz est en
effet injecté dans le réseau de GRDF et donc mélangé au gaz « normal ».
Mais cette production de biogaz qui permet à SEVE de labelliser sa station
biognv. « Cela fonctionne comme pour l’électricité verte, on revend à GRDF
et on rachète ensuite, mais notre gaz est injecté dans le réseau » précise
Lucien Gerbier. Cette unité permettra de produire 200m3 par heure, soit l’alimentation
de 1 500 foyers environ. Ce Biogaz permettra de fournir les entreprises voisines
qui sont de grosses consommatrices de gaz, mais également la station de Saumur. L’investissement
de cette unité s’élève à 4,5 millions d’euros. La Région a pour ambition d’ici
2023 de créer 100 unités de méthanisation venant s’ajouter aux 73 déjà existantes
en Pays de la Loire. Le tout pour un budget prévisionnel de 500 à 700 millions
d’euros. Cela permettra à terme de créer environ 300 emplois, mais surtout de
produire un gaz plus propre, avec un objectif de 30% de biogaz en Pays de la
Loire d’ici 2030.
Article du 17 septembre 2019 I Catégorie : Vie de la cité