Un comité indépendant, lancé par l’association 40 millions d’automobilistes, a évalué les bénéfices de la loi du passage à 80km/h. Ils ont publié leurs résultats dans une document équivoque sobrement intitulé « Les 80km/h : autopsie d’un fiasco ».
Selon cette étude, le passage sur les routes
départementales de 90km/h à 80 en juillet 2018 n’a pas eu le succès escompté,
et ce sur de nombreux points. Peu de décès évités en plus, beaucoup d’argent
dépensé et du temps perdu, un bilan pour le moins négatif. En effet, on peut y
lire qu’au cours de la période de juillet 2018 à juin 2019, le nombre des tués
sur les routes concernées par le 80 km/h a diminué de 148 par rapport à la
période annuelle précédente. Cependant, quelle part de cette diminution est
attribuable à la diminution de vitesse due à la mesure du 80 km/h sur ces
routes ? Il faut d’abord soustraire « l’effet trafic », la baisse de
circulation intervenue, qui explique une diminution de 30 tués. Il faut ensuite,
et surtout, soustraire « l’effet tendance », durant la période 2007-2017, marquée
par la stagnation des vitesses pratiquées et par des hausses de circulation
connues dont on peut éliminer l’influence, le nombre des tués a diminué en
moyenne de 4,2 % par an. Tout suggère que cet effet tendance s’est poursuivi
en 2018-2019. Tout compte fait, les 80 km/h ont donc évité 39 décès
(148-23-79).
Un coût social net de 2,3 milliards d’euros
Le comité a également étudié les bénéfices et les coûts
sociaux de cette mesure. Les bénéfices sociaux à attendre des 80 km/h sont les
suivants : les vies sauvées, les blessés graves
évités, le carburant économisé, le CO2 non rejeté, les taxes sur les carburants
non payés. Les coûts sociaux à prendre en compte sont le temps perdu, les taxes
sur les carburants non
encaissées, les changements de panneaux de signalisation. Les taxes sur les
carburants apparaissent en
bénéfices et en coûts : c’est qu’elles sont des bénéfices pour ceux qui les encaissent et des coûts pour ceux qui les
payent. Dans son étude, le comité pointe également le temps perdu par les
automobilistes sur les routes, à savoir 180 millions d’heures. Une perte de
temps qui aurait un impact financier important. « Ce coût de
2,65 milliards d’euros est loin d’être compensé par les bénéfices liés à
la valorisation officielle des vies, 129 millions d’euros, et blessés
graves évités, 88 millions d’euros, ainsi que des carburants et
émissions de CO2 économisés (100 millions d’euros) », indique le rapport. Le coût net des 80 km/h pour le pays serait de
2,3 milliards d’euros selon les calculs du comité indépendant. « On est
loin des 400 vies « sauvées » et du zéro coût en temps du discours officiel », peut on lire en conclusion de ce bilan.
Infos pratiques : Retrouvez toutes les analyses détaillées dans le rapport du comité indépendant d'évaluation.
Article du 16 octobre 2019 I Catégorie : Vie de la cité