Je ne sais pas si ce que je vais écrire est politiquement correct. Mais comme j'aime bien provoquer... Je le fais et je me dis que certains d'entre vous me corrigeront et m'expliqueront pourquoi je n'ai pas raison. C'est la saison annuelle des appels à bénévoles aux Restos du Coeur. Mais mon questionnement est simple : pourquoi faire appel à autant de bénévoles alors qu'il y a des bénéficiaires qui pourraient participer. On ne pourrait pas créer une appli pour ça ? Je reçois, donc je donne ?
Il y a parfois des paradoxes qui me laissent pantois. Cet appel à bénévoles des Restos en fait partie. Voici quelques exemples que je regarde avec circonspection ces derniers temps. La jeunesse, en premier inquiète pour le devenir de sa terre, mais qui écoute les discours de Gréta Thunberg en podcast sur le net sans avoir conscience que les datas centers sont les plus gros pollueurs de la planète. Dans le genre, il y a aussi la Chambre de Commerce et d'Industrie de Maine et Loire qui met en place un système d'économie circulaire pour favoriser le bizness intra régional, mais, en même temps propose dans le package, de faire appel au Cèdre, une centrale d'achat qui n'a rien de local. Mais pas du tout... Il y a aussi les agglos de Maine et Loire qui viennent de signer un investissement de 16 millions avec Derichebourg environnement pour faire un méga centre de tri optique qui va mettre sur le carreau des dizaines de salariés qui pourraient rejoindre le RSA. On se crée du chômage au nom de la rentabilité. Remarquez, les agglos ont raison, elles gèrent en bon père de famille le traitement des déchets, mais dans leur système, elles n'ont pas pris en compte le coût social du chômage qu'elles vont créer.... Pour elles, ce n'est pas un problème, le RSA ne sort pas de leurs poches, mais de celles du Conseil Départemental. Mais aussi un peu de nos impôts aussi ? Non ?
Et les bénévoles des Restos du coeur, me direz-vous ?
J'ai le plus grand respect pour les bénévoles des Restos du Cœur, ils s’engagent à rendre un service désintéressé aux personnes en difficulté. Une vraie éthique avec des objectifs humains. Mais je me dis qu'on n'est pas à un paradoxe près. J'ai pu remarquer qu'une des démarches des travailleurs sociaux était d'aider la population à reprendre le chemin d'une activité. Dans le département du Bas-Rhin, qui a été précurseur pour le maintien du RSA pour ceux qui acceptaient de participer au travail saisonnier des vendanges, on a constaté que le nombre de personnes touchant cette aide avait baissé de 25 % après cette mesure qui pousse à retrouver le chemin du travail. Efficace. Pourquoi l'association des Restos ne s'engagerait-elle pas dans une voie qui aiderait à remettre les populations en difficulté vers la voie de l'activité ? Je te donne ça, mais tu donnes ça... Tu viens travailler aux jardins du coeur pendant ton temps disponible ou tu gardes des enfants de personnes en difficultés pour qu'elles puissent être actives ?
C'est peut-être trop simple. Sur les bancs de la fac, je me rappelle avoir lu un essai sur le don de Marcel Mauss qui expliquait très bien cette idée de donner, recevoir et rendre. Pour éviter de courir après les bénévoles les Restos du Coeur, pourquoi ne pas faire une appli pour quantifier tout ça : un kilogramme de carottes, c'est 10 min de jardin ou 20 minutes de couture ?
Mais peut-être que je me trompe...
Michel Choupauvert
Article du 16 novembre 2019 I Catégorie : Vie de la cité