Depuis le mois de décembre, les avocats avaient organisé une journée morte pour ce 6 janvier. Mais hier, de nombreux barreaux, dont celui de Saumur ont décidé de se lancer dans une grève dure qui s’écoulera tout au long de la semaine et pouvant être reconduite. Toutes les affaires ont donc été rejetées et renvoyées. Une situation rare par son ampleur et son intensité.
Hier, lundi 6 janvier, les 26 avocats du barreau de Saumur
ont voté à l’unanimité pour une grève dure et reconductible. Ils créent ainsi
un blocage de toute l’activité judiciaire : « Tous les dossiers, sans exception, sont renvoyés, que ce soit au
civil ou au pénal », précise Maitre Olivier Vaillant, bâtonnier du barreau
de Saumur. La grève des avocats durera tout au long de la semaine, une nouvelle
assemblée générale aura lieu vendredi pour décider de la reconduction du
mouvement. « Le but est de créer des
difficultés dans le fonctionnement de la juridiction. Pour cela nous comptons
particulièrement sur le blocage du pénal puisque cela implique une organisation
particulièrement complexe des différentes institutions. Notamment pour l’escorte
policière qu’il faut généralement organiser bien à l’avance ou parfois la libération
de certaines personnes puisque les délais seront dépassés. Il s’agit de notre
seul vrai moyen de pression », indique-t-il.
« Un régime autonome qui fonctionne »
Les avocats possèdent actuellement leur propre régime de
retraite, autonome (et non spécial) et autofinancé. « Ce
système fonctionne bien et est à l’équilibre. De plus il nous offre plus de
garantie et de sécurité que celui proposé par le gouvernement. Nous avons
actuellement un minimum assuré de 1 400 euros par mois, ce qui est
supérieur à ce que propose le gouvernement », expose Olivier Vaillant.
En plus de ne rien coûter au gouvernement, l’actuel régime des avocats reverse
chaque année près de 80 millions d’euros au régime général des retraites. La
Caisse Nationale des Barreaux Français (CNBF) affirme également qu’une
augmentation des cotisations semble se profiler, passant de 14% à 28%, « une hausse considérable » pour
le bâtonnier saumurois. Cela pourrait avoir un impact sur de nombreux cabinet d’avocat,
notamment les plus petits : « Nous
voyons de plus en plus de cabinets en liquidation, c’est un phénomène
exponentiel et cette réforme n’aidera en rien à maintenir les plus fragiles »,
ajoute Olivier Vaillant. Enfin, il rejète également l'âge de début de carrière avancé dans les chiffres du gouvernement. "On nous parle d'un début de carrière à 25 ans, mais dans les faits, entre les études, le concours, et le niveau qui nous est demandé sur le marché du travail, la plupart des avocats ne commencent pas avant 27 ou 28 ans".
Une exaspération croissante
La décision du gouvernement de ne faire qu’un régime de
retraite et de mettre fin au régime autonome des avocats vient s’ajouter à l’exaspération
montante de ces derniers. « C’est
vraiment la goutte d’eau de trop, cela fait plusieurs années que la situation
se détériore. Le fonctionnement de la machine juridique pâtit de l’ingérence du
ministère de la Justice, il y a de nombreuses décisions qui ont été prises sans
aucune discussion et relève d’un amateurisme très inquiétant, la qualité des
textes est en nette baisse. Tout cela pour des économies de bout de ficelle.
Nous avons vraiment l’impression de subir toutes sortes de réformes depuis
quelque temps. » L’avocat saumurois se félicite de la mobilisation de
ses pairs et de la convergence des institutions représentatives des avocats. Il
se dit prêt à continuer le mouvement si cela s’avère nécessaire.
Article du 07 janvier 2020 I Catégorie : Vie de la cité