Cela fait un peu plus d'un mois que la députée de la 3e circonscription de Maine-et-Loire, Anne-Laure Blin, a succédé à Jean-Charles Taugourdeau ayant démissionné pour reprendre les rênes la mairie de Beaufort-en-Anjou (notre article). Un temps court durant lequel de nombreux gros sujets ont été portés sur la table des discussions à l’Assemblée, et auxquels elle a participé. Entretien avec la députée de la circonscription Saumur-Nord.
SK : Durant ce
premier mois, quels ont été les dossiers majeurs que vous avez portés et suivis ?
ALB : « Il
est vrai que je suis tombée dans un calendrier particulièrement chargé en ce qui
concerne les sujets traités à l’Assemblée. Quelques jours après mon élection, je
suis intervenue pour la première fois lors d’un texte sur la condition animale
proposé par Cédric Villani (N.D.L.R Député Démocratie Ecologie Solidarité de l'Essonne). Ce texte global évoquait notamment les thématiques
de la chasse et de l’interdiction des animaux dans les cirques. Pour cela j’ai
rencontré bon nombre d’acteurs de ces deux secteurs. J’ai échangé longuement
pour cerner avec eux les différents aspects de la question. J’y ai défendu la
chasse traditionnelle et me suis opposée à l’interdiction des animaux dans les
cirques. Autre gros dossier, que nous avons traité, celui de l’état
d’urgence. Nous devions donner d’importantes prérogatives à l’exécutif, j’ai voté
contre. »
SK : Pourquoi ?
Quelle est votre position sur le sujet ?
ALB : « Tout
d’abord, je tiens à préciser qu’il n’est aucunement question de remettre en question
la contamination ou de nier l’importance du virus. Je déplore simplement la
façon d’opérer de l’exécutif. On nous demande de donner des clefs au
gouvernement pour qu’il puisse agir, toutefois on refuse de nous donner toutes
les informations. Nous n’avons pas la possibilité d’avoir une vision globale sur
le sujet. Olivier Véran, le ministre de la Santé, est en effet venu échanger
avec nous et exposer les faits sanitaires. Mais nous n’avons pas eu le Premier ministre,
le ministre de l’Intérieur… L’état d’urgence est tout de même d’une durée de 6
mois et impacte divers domaines, il aurait été normal que l’on connaisse toute
l’étendue du sujet, pour pouvoir l’adopter en toute connaissance. On apprend les
choses au dernier moment, il s’agit d’une véritable dépossession du Parlement. »
SK : Vous
reprochez donc un manque de transparence ?
ALB : « Il y
a en effet un manque de clarté. Au-delà de ça, je ne comprends pas vraiment la
stratégie de l’exécutif. Il y a selon moi un important problème de
communication. On nous dit que l’on passe en couvre-feu et en état d’urgence, mais
à côté de ça, on incitait il y a quelques semaines la population à partir en vacances. Il faut être plus
clair et avoir une stratégie définie. Par ailleurs, cela fait 7 mois que l’on
nous parle d’une seconde vague, aujourd'hui elle est bien là, mais qu’a-t-il été prévu durant ce laps de
temps ? Il n’a par exemple pas été pris beaucoup de mesures pour soulager
les hôpitaux et les soignants. Autant nous avons été pris au dépourvu l’hiver
dernier, mais cette fois-ci, on savait vers quoi on allait, on ne peut décemment
pas reproduire le même scénario. J’ai déposé au début de mon mandat une
proposition de loi pour augmenter massivement les recrutements dans les EHPAD.
Elle devrait être débattue début décembre. »
SK : Après cet
aspect national, pouvez-vous dresser un premier bilan plus local ?
ALB : « En
effet, nous sommes des élus nationaux, il faut que l’on ait à l’esprit la France.
Pour autant, on est élu au sein d’un territoire, d’une circonscription
administrative. Il faut que l’on soit au plus près du terrain, de la
population, il faut l’écouter. Cette partie est très importante pour moi. Jusqu’à
maintenant, je me suis beaucoup déplacée lors de manifestations, pour aller à la
rencontre des acteurs du territoire. On m’a alertée sur des problèmes locaux,
comme la hausse de la taxe de traitement des déchets dans le Longuéen ou au
sujet de l’instruction à la maison dans le Noyantais ou à Marcé. Il est
indispensable d’écouter ce que les habitants disent, pensent et souhaitent, car
ils sont le reflet de la société. Lorsque je discute avec mes homologues, ils
ressortent les mêmes questionnements et problèmes sur d’autres territoires. Je
vais lancer une permanence mobile et, d’ici la fin de l’année, je me rendrai dans
chacune des communes de la circonscription pour échanger avec les habitants. »
SK : Et avec les
élus du territoire avec lesquels les relations n’ont pas toujours été évidentes
durant la campagne, qu’en est-il ?
ALB : « Nous
n’avons pas eu d’échange en particulier avec les élus concurrents, notamment
durant l’élection législative partielle. Toutefois, je n’en tire aucune animosité
et je me déplacerai dans ces communes du Noyantais ou du pays Allonnais sans
problème. J’échangerai sans aucun souci. Certains, durant la campagne, ont cru
bon d’avancer leur argument et de dénigrer ma légitimité à être élue du
territoire. Ce n’est pas ma façon de faire, j’ai mené une campagne positive, sans critique et je crois que les électeurs y ont été sensibles. Je connais
bien le territoire et en suis très proche. Il y a énormément de choses à faire
et j’essaye d’être partout. J’ai honoré tous mes rendez-vous locaux comme
nationaux. Il était important qu’il n’y ait pas de discontinuité dans le
mandat. »
SK : Justement,
quelle relation entretenez-vous avec Jean-Charles Taugourdeau ? Est-il un
ancrage ou un relais local pour vous, notamment pour toutes les situations du
quotidien ?
ALB : « Non
pas du tout. Il avait pour ambition de se consacrer à la ville de
Beaufort-en-Anjou et c’est ce qu’il fait. Il porte de vrais projets pour sa
commune. Il est maire et je suis la députée et chacun tient son rôle. Il est
bien évidemment mon suppléant, mais cela s’est fait comme une marque de
soutien pour montrer qu’il croyait en moi. Chacun tient son poste et il reste
mon suppléant et prendra ma place de député, seulement s’il m’arrive quelque
chose de grave m’empêchant d’occuper ma fonction. »
Article du 06 novembre 2020 I Catégorie : Politique