La fronde continue par rapport à la fermeture des commerces de proximité dans les villes de France. Après de nombreuses requêtes au Premier Ministre depuis hier (1), c'est au tour du Président de l'agglo Saumur Val de Loire, Jackie Goulet, également maire de Saumur,d'adresser une lettre au Premier Ministre, alors qu'il avait déjà fait part de ses positions de soutien et appel à la vigilance sur les réseaux sociaux dès les annonces du gouvernement (notre article du 30 octobre),
"Monsieur le Premier Ministre,
La situation sanitaire est, nous le savons, particulièrement inquiétante. Tout est mis en oeuvre, à tous les niveaux, pour endiguer la propagation de l’épidémie, éviter une surcharge dans nos hôpitaux et, in fine, protéger au mieux nos populations.
Pour autant, si le risque sanitaire, parce qu’il implique la vie de nos concitoyens, doit primer systématiquement, la crise que nous vivons est aussi d’ordre social, économique, psychologique et humain. Il est de notre devoir, nous élus locaux, de vous alerter dès maintenant sur les conséquences non plus à venir mais bien présentes de cette crise.
L’un des problèmes principaux est, vous le savez, la mise en difficulté de nos entreprises, de nos commerces, de nos artisans, mais aussi la détresse psychologique de celles et ceux qui en sont les propriétaires, les gérants et les salariés et l’incompréhension de celles et ceux qui toute l’année en sont les clients fidèles.
De ce point de vue, c’est la notion de commerce « essentiel » qui doit semble-t-il être revue. L’essentiel, dans un contexte de crise non plus seulement sanitaire mais bien sociale, ne réside pas que dans l’alimentaire, quand bien même celui-ci soit particulièrement prioritaire. Il doit plutôt être défini comme tout ce qui permet, en respectant toujours des mesures sanitaires strictes et compréhensibles de toutes et tous, de maintenir notre société dans un état de sérénité. La perspective de faillites, de chômage de longue durée, de souffrance humaine, familiale, collective, ne permet plus cet apaisement : il est pourtant absolument nécessaire à notre cohésion, à notre union et la concorde qu’exigent ces temps difficiles.
À ce titre, nous vous demandons de bien vouloir réexaminer les règles de ce confinement afin d’y mettre davantage d’équité, davantage de justice, tout en maintenant une exigence très forte en matière sanitaire. La concurrence des géants mondiaux de la vente en ligne est tout à fait insupportable pour ces petits commerces de centre-ville : vous connaissez trop bien les territoires français et leurs réalités pour ne pas savoir que ces commerçants et ces artisans n’ont pas aujourd’hui les moyens - humains, matériels, financiers - pour organiser, toutes et tous, une vente en ligne de leurs produits. Ainsi, de nombreuses solutions parmi lesquelles des systèmes d’achats sur rendez-vous ou de drive pourraient être davantage autorisées, si elles sont bien encadrées : elles permettraient à tous les commerces de proximité de maintenir une activité et à nos concitoyens de les soutenir.
Dans le cas d’un assouplissement des règles, nos collectivités seront en mesure d’accompagner, notamment par de la communication, l’activité de nos commerces.
Si dans l’immédiat, de telles propositions relèvent d’une adaptation factuelle des règles du confinement, leur soutien par votre gouvernement aurait valeur à la fois de véritable capacité d’écoute des élus locaux et, en même temps, de soutien infaillible à celles et ceux qui chaque jour font le développement économique, social et culturel des territoires et donc du pays.
La relation entretenue par l’État et les collectivités locales doit, nous le pensons, être plus étroite, plus constructive et plus ancrée dans le dialogue. Il n’est pas envisageable que les maires, qui viennent systématiquement en soutien de l’État lorsque celui-ci en exprime le besoin - pour organiser les rentrées scolaires, pour sécuriser l’espace public, etc… -, ne soient pas davantage entendus et écoutés.
Dans l’attente d’une réponse du gouvernement aux inquiétudes fondées des élus locaux,
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre très haute considération.
Au nom des 45 maires de la Communauté d'agglomération Saumur Val de Loire,
Au nom des 100 000 habitants du territoire,
Au nom des milliers de commerces du Saumurois,
Jackie Goulet
Maire de la Ville de Saumur
Président de la Communauté d'agglomération Saumur Val de Loire."
Article du 03 novembre 2020 I Catégorie : Politique