Pour la durée du confinement, le kiosque a demandé à Yolande Mille de traiter d'un sujet lié aux conséquences de la période difficile que nous traversons. Pour ce premier traité, la psychanalyste clinicienne saumuroise aborde cette idée qu'il peut être difficile d'être avec soi. Sans complaisance.
Au premier abord, on pourrait croire que cette peur d'être en tête-à-tête avec soi est une idée curieuse puisque l'on vit avec soi 24H/24H ! Ce constat, on l'a tous fait, mais on sait qu'on aime bien être embarqué par le rythme de sa vie. On sait que l'on aime bien être très occupé par tout ce qu'on a à faire. Rencontrer tous ceux que l'on doit voir, avec qui l'on doit régler divers objectifs. On s'occupe de nos affaires, on gère nos soucis. Une chose est cependant avérée, on perçoit tous ces faits de vie du quotidien comme des choses extérieures à nous même. Alors qu'elles nous concernent.
Appuyer sur OFF ?
En même temps, alors que nous n'avons pas conscience d'être nous même 24H/24H, on aimerait appuyer sur "OFF" pour nos ressentis intérieurs. Je veux parler ici de toutes ces impressions très (trop) personnelles de malaise, tous ses souvenirs qui remontent de manière décalée et inopinée, toutes ces choses que l'on imagine tout seul. En bref, on aimerait éteindre tout ce que nous vivons ou ressentons seulement à l'intérieur. La solitude provoquée par le confinement renforce ces sentiments. Comment faire avec ça pendant cette période pour supporter ce paradoxe ? On peut appeler un psy doux, souriant et ouvert (il y en a), un numéro vert d'écoute (ils sont attentifs) 0800 000, ou tout simplement choisir une personne à qui on ose faire confiance pour en parler.
Si la parole ne rencontre personne ?
Vous allez me dire que cette astuce est trop facile ! Et quand on n'a personne à qui se confier faire ? Quand la personne de confiance n'est pas là, ou n'existe pas encore, ou n'existe plus ? Ici encore, hors de question de renoncer à votre parole ! Sans culpabilité, c'est le moment de s'interroger sur le “pourquoi” il n'y pas de personne de confiance. Pas de précipitation, n'incriminons pas la superficialité systématique des autres ou celle du lien social. C'est difficile de croire en l'écoute et l'accueil de l'autre, d'ailleurs tout le monde n'en est pas capable, mais hors de question de trouver une raison de capituler. On a tous absolument besoin que des autres de qualité existent et soient là. Plutôt que de renoncer à la venue de leur présence, il est préférable de comprendre avec un professionnel ce qui nous empêche de les croiser sur notre route et... qu'il parvienne à nous faire prendre le chemin d'une disposition dans notre tête, d'une approche de nous-même, qui nous permettra de “tomber” sur eux !
Surtout ! Il faut se rappeler que tout ne passe pas par la culture du corps zen.....La parole, ça compte ! Si vous trouvez qu'il est difficile d'être avec soi, trouvez le moyen de vous exprimer.
Yolande Mille
Article du 06 novembre 2020 I Catégorie : Vie de la cité