Mon Dieu que l'atmosphère est pesante et délétère ! ... Un gamin qui menace son prof de mort dans une petite ville comme Saumur ! Des commerçants sans parachute social au bord du dépôt de bilan et de la dépression ! Des hôpitaux proches de l’asphyxie ! Des citoyens qui se rebellent contre le confinement... Mais que s'est-il passé ?
C'est la question qui m'a taraudé cette semaine au fil de mes lectures en mode soirées confinées. Il y avait bien en fond le dessin animé américain avec un Homer Simpson tout vieux et plus bête que jamais. Mais bon... Pas terrible cet épisode. Je me rappelais la fac et des lectures sur Tocqueville qui considérait que le système américain était le modèle démocratique au 19e... En recherchant quelques articles sur l'influence de l'information, j'ai relevé quelques faits intéressants. Des chercheurs américains (encore eux) considèrent qu'il y a eu une rupture en 2001 avec l’avènement des réseaux sociaux. Il s'est produit autant d'informations cette année-là que pendant toute l'histoire de nos sociétés. Ce même volume a été doublé en 2002...
Perte du contrôle de l'écosystème de l'info par le pouvoir
Je suis tombé (sans trop de mal, je vous rassure) sur une série d'articles sur un ancien analyste de la CIA, Martin Gurri qui a écrit un bouquin en 2014 The Revolt of The Public and the Crisis of Authority in the New Millennium. En gros, il explique que le pouvoir s'est toujours appuyé sur une absence d'information. La presse, les politiques pouvaient parler du haut de leur piédestal, personne ne les contredisait dans ce désert médiatique. Avant l'avènement des réseaux sociaux, Martin Gurri pense que l'idée de pouvoir contre dire n'était venue à l'esprit de personne... Pas faux
Le changement
Depuis le tremblement de terre numérique, la parole du pseudo-expert est toute chose égale par ailleurs à celle de mon beau-frère ou celle du Premier Ministre que l'on affuble d'un ton méprisant de ne rien comprendre à la situation... Dans son analyse, Matin Gurri considère que dans de nombreux pays en hibernation, le peuple s'est réveillé. Pour lui, l'effet de la surabondance de l'info date de 2011 avec une multiplication des mouvements sociaux. En 2019, il a dénombré 25 conflits majeurs dans le monde. En soi, je me dis que c'est peut-être une bonne chose que des peuples se libèrent du totalitarisme. Le problème c'est qu'il y a un côté bovidé dans la démarche. Des imbéciles suivent, parfois, comme des moutons, des cinglés charlatans et populistes. Un peu comme dans le dernier épisode des Simpson qui est passé en boucle cette semaine.
Inquiétude...
Ce qui m'inquiète, surtout, c'est qu'un petit con, dans un collège de campagne à Saumur, ait réussi, dans la cacophonie médiatique, a choppé une telle idée et oser le dire à sa prof : "Mon père va venir te décapiter"... Comment va-t-on réussir à expliquer, inculquer, le respect et le doute sur ce qui est lu, à ces enfants du numérique... Va-t-il falloir révolutionner le rôle des profs et les transformer en éducateurs ? Ils ne sont pas engagés dans l'enseignement pour ça...
Cet avènement du numérique et ses conséquences me font penser à la révolution philosophique, liée à l'invention de l'imprimerie en 1454 par la diffusion de pensées. C'est plutôt positif. En revanche, il aura fallu attendre 1628 pour que Descartes publie son Discours de la Méthode. C'est long. Souhaitons que l'apprentissage des nouvelles technologies soit plus rapide...
Mais une chose est certaine, le numérique, c'est comme la Covid, va falloir apprendre à vivre avec...
Michel Choupauvert
Article du 07 novembre 2020 I Catégorie : Vie de la cité